PROCE'-- VERBAL DE N. POULAIN.                     4--^
Roy, spécialement aux suspects de la religion. Cela fait, on devoit crier par les ruës : vive la messe i et ce, afin d'inviter tous les bons catholiques à prendre les armes; aussi qu'au même jour toutes les villes du parti seroient averties de faire le semblable. Qu'aussitôt qu'ils se seroient rendus maîtres du Roy et du Louvre, ils tuêroient son conseil, et lui en donneroient un autre à leur dévotion, sauvant sa personne, à la charge qu'il ne se méleroit d'aucunes, affaires. Et quant à l'armée qui venoit d'Espagne, elle seroit envoyée avec autres forces en Gascogne, pour faire la guerre au roy de Navarre et aux hérétiques, jusques à ce qu'ils les eus­sent ruinez et exterminez du tout. Bref, chacun se déli­bèrait de meurtrir, piller et se vanger à toutes restes, ct s'enrichir du bien de son voisin. Les principaux se promettoient les premiers états et dignitez de la repu* blique, au moyen des confiscations qui proviendroient des massacres des premiers officiers du Roy.
Moy, après avoir longuement consideré cette mé­chante et damnable entreprise (je dis moy qui parle), et que ce n'étoit qu'une pure voierie ; aussi que les princes ct les grands faisoient jouer ce jeu par le petit peuple, pour déposséder le Roy de sa couronne et en investir ccux de Lorraine, après avoir coupé la gorge aux vrais héritiers d'icelle, et aux principaux membres ét offi­ciers de cette couronne : l'horreur de cette entreprise m'étonna; et tant de sang qui se devoit espandre se représentant continuellement à mes yeux, et mêmes quand je pensois prendre mon repos, m'effraya telle­ment, et me donna une si grande appréhension, in­quiétude et remords de conscience, que je pensois dèslors à bon escient de me tirer de la ligue et com-
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